Après une décennie d’expérience dans l’Education Populaire, Delphine Pardini a fait le choix du Master ESS en Formation continue pour prendre du recul sur son quotidien de travail, faire reconnaître son parcours et renforcer ses connaissances en ESS. Elle occupe aujourd’hui le poste de directrice de la Mission Régionale d’Information sur l’Exclusion (MRIE).
Quel est votre parcours ?
D. P. : Après dix ans d’expériences dans le domaine de l’Éducation populaire, j’occupe depuis 2018, un poste de déléguée territoriale au sein de l’association Léo Lagrange Centre Est. Mes missions consistent à piloter et à suivre l’activité de structures petite enfance en délégation de service public. J’ai souhaité en 2020 démarrer la formation continue de MASTER 2 Économie Sociale et Solidaire de l’université LYON 2.Pourquoi avoir choisi de vous former à l’ESS ?
D. P. : Le principe de la formation continue me semblait doublement indiqué, quand je mettais en perspective la décennie d'expérience que j'ai pu acquérir dans le secteur de l’Éducation populaire et la suite de ma carrière.Tout d'abord, il s'agissait d'une question statutaire et de reconnaissance, pour faire correspondre les diplômes à la réalité des fonctions que j'occupe. J'ai le plaisir et le défi d'être confrontée, au quotidien, à des problématiques de gestion à une échelle significative, en regard d'une formation initiale de qualification a priori moins adaptée. Il s'agissait donc autant de combler d'éventuelles lacunes théoriques restantes, et potentiellement handicapantes pour mon évolution et celle de mes équipes, tout en validant, par une formation ciblée, la pertinence de l'expérience accumulée au cours de mes expériences. Un raisonnement somme toute classique, qui était le moteur dans mon désir de formation continue.
Par ailleurs, la formation continue, plus spécifiquement centrée sur l'économie sociale et solidaire, répondait à des problématiques propres à mon poste, et, plus qu'à mon secteur, à la vision que je voulais porter.
En effet, dans une structure aussi importante que la Fédération Léo Lagrange, la conduite du changement revêt un caractère aussi stratégique que délicat. Si notre périmètre d'action permet de développer des ambitions importantes en terme d'impact social, plusieurs évolutions nécessaires sont forcément ralenties par les effets de structure : taille des services, enjeux politiques compréhensibles, évolution des publics plus rapide que celle des acteurs du terrain, nouveaux outils, etc.
La connaissance de l'interne et du terrain n'est pas toujours suffisante pour mener à bien des nouveaux chantiers ambitieux, dans des métiers qui seront amenés à évoluer (intelligence artificielle, modalités de financement, évolution démographique).
Il s'agissait aussi d'adapter des objectifs nouveaux à une culture associative qui offre des grandes capacités d'adaptation autant que des résistances parfois légitimes.
En d'autres termes, j’ai ressenti le besoin de renouer avec une connaissance théorique du secteur parfaitement à jour. Comment intégrer nos projets d'impact dans un écosystème que les nouvelles technologies ont fait évoluer rapidement ? Les récents mouvements démographiques nous imposent des défis interculturels et d'inclusion auxquels nous devons aussi nous adapter, comment être à la hauteur en tant qu'organisation et pas seulement à titre personnel ? Comment le devoir d'exemplarité des structures à mission doit-il nous amener à être beaucoup plus ambitieux sur le plan écologique, énergétique ? Si "un métier sur 2 n'est plus le même dans 10 ans", comme le disent en chœur les sociologues du travail, comment s'y préparer à l'échelle d'une structure aussi importante que Léo Lagrange ?
Ce large éventail de questions a constitué ma motivation pour cette formation.
Qu’est-ce que la formation vous a apporté, qu’est-ce que vous en retenez ?
D. P. : J’ai pu confirmé la parfaite adéquation de cette formation avec mes ambitions professionnelles, et d'épanouissement intellectuel, évidemment !En effet, elle m’a tout d’abord apporté des rencontres :
- avec mes collègues étudiant.es, tous.tes issu.es de parcours différents : les temps d’échanges, de partages d’expériences ont été particulièrement riches !
- Et puis avec l’ensemble des enseignant.es et intervenant.es. Les cours, au-delà des contenus enrichissants, permettent la mise en perspective avec notre vécu professionnel. Un pas de côté ou une prise de hauteur qui permet l’analyse et la réflexion.
Cette formation m’a nourri intellectuellement et m’a permis de m’interroger sur mon parcours et surtout mon avenir professionnel.
Je fais donc le choix aujourd’hui de quitter l’association Léo Lagrange pour une plus petite structure la MRIE (Mission régionale d’information sur l’exclusion). La formation m’a (re)donné envie d’expérimenter !