Management et transition juste : ce que nous apprennent les organisations féministes

Après avoir exploré les liens entre genre et ESS sous l’angle de l’engagement des acteur.ices dans la lutte et la préservation pour le droit des femmes (à travers des actions quotidiennes d’éducation, de prévention de plaidoyer ou encore d’accompagnement), ce second volet des Mardis envisage d’approfondir l’angle du management des organisations de l’ESS, c’est-à-dire des pratiques de gouvernance et d’organisation du travail à l’intérieur des organisations.

Reconnaitre les rapports de genre, mais aussi de classe et de race, comme structurant de la crise socio-écologique implique, en effet, de repenser les pratiques et relations à l'intérieur des organisations. Ce positionnement micro et interne met la focale sur les travailleuses qui sont en première ligne des transformations socio-écologiques : ce sont elles qui les mettent en œuvre et qui sont les premières à subir les conséquences non anticipées des changements.

Cette orientation aspire à penser un modèle d’organisation qui lutte en interne contre toutes les formes d’inégalités en agissant collectivement en faveur d’un modèle économique et social plus juste.

Juliette Cermeno, spécialiste des discriminations et les violences organisationnelles dans la sphère professionnelle nous propose de mobiliser les approches féministes sur les éthiques du care pour expliquer la structuration genrée de l’emploi dans l’ESS ainsi que les inégalités de genre qui l’accompagnent. Elle invitera par la suite à penser le care dans la gestion des organisations et à le politiser afin de se départir d’une vision normative et moralisatrice de ce dernier qui impliquerait un modèle du “bon management”.

Les modalités pratiques de déploiement du care seront enfin illustrées dans des organisations féministes par le partage d’expériences d’actrices évoluant dans différents contextes organisationnels et dans différents types de mixité. Elles donneront à voir des manières “ alternatives ” et inspirantes de s’organiser, rendues possibles par une réappropriation du care par les travailleuses elles-mêmes en revisitant en particulier, les pratiques de rémunération, les processus de décision et les pratiques d’exécution du travail. Elles reviendront aussi sur les tensions et limites de ces expérimentations.